L’activité physique et le sport pour tous

Saviez-vous que près de 4 % des enfants et 13 % des jeunes au Canada vivent avec un handicap? Globalement, les enfants et les jeunes ayant un handicap pratiquent moins d’activités physiques que ceux qui n’en ont pas.

Le manque d’occasions favorisant la pleine participation des enfants et aux jeunes en situation de handicap à des activités physiques demeure un enjeu de santé publique et des droits de l’homme. Dans le Bulletin canadien de l’activité physique chez les enfants et les adolescents en situation de handicap, ces derniers ont reçu la note D pour l’activité physique globale, la note F pour le jeu actif et la note C+ pour le sport organisé et l’activité physique.

Vous aimeriez savoir comment rendre l’activité physique et le sport plus accessibles aux personnes en situation de handicap? Nous avons demandé à deux experts en matière d’inclusion et d’accessibilité, Dave Sora et Katie Disimino, de nous faire part de leurs recommandations.

Dave Sora est coresponsable du Parcours de participation à l’Ontario Parasport Collective, cofondateur et vice-président du Centre pour l’accessibilité du sport et du jeu, responsable de KidsAction Coaching en Ontario, responsable de Jooay en Ontario et membre du projet canadien sur la participation sociale des personnes en situation de handicap. Depuis 2008, il a travaillé auprès de clubs sportifs, de chercheurs et d’organisations à travers le Canada afin de trouver des moyens de faire jouer les enfants en situation de handicap, notamment à travers l’innovation.

Dave Sora dans un uniforme d’entraîneur.

Katie Disimino est doctorante à l’école de kinésiologie et de sciences de la santé de l’université York. Ses recherches portent sur la promotion de l’activité physique et elle est membre du comité de recherche sur l’accessibilité de ParticipACTION. Katie a également fait partie d’une équipe de recherche qui a élaboré des recommandations pour aider les organisations à promouvoir l’activité physique chez les enfants et les jeunes en situation de handicap.

Katie Disimino souriant devant un buisson en plein air.

Quels sont les principaux défis et obstacles auxquels les personnes vivant avec un handicap sont confrontées lorsqu’il s’agit d’accéder à l’activité physique et au sport?

Dave : Les personnes en situation de handicap, les enfants en particulier, sont confrontées à des défis et à des obstacles uniques qui ont un impact sur leur participation, leur expérience et le plaisir dans le sport et l’activité physique. Les obstacles les plus courants sont la discrimination, l’inaccessibilité des installations et des services, les coûts élevés, l’éloignement et la nécessité d’un équipement spécial. Il existe trois autres obstacles à la participation, moins connus, du côté de l’offre : le manque de programmes adaptés de qualité, le choix limité de types de programmes et le manque d’entraîneurs, de bénévoles et d’animateurs formés au sein de la communauté. Malheureusement, tous les indicateurs suggèrent que la pandémie a entraîné des répercussions négatives sur le taux d’activité physique et de participation chez les personnes en situation de handicap, qui était déjà faible. En effet, elles ont été les premières à partir et les dernières à revenir. Le retour au jeu des enfants vivant avec un handicap au jeu ne semble pas une priorité au sein des organisations.

Une femme jouant au tennis en fauteuil roulant sur un terrain extérieur en terre battue.

Katie : L’accès inéquitable aux possibilités d’activité physique, le manque d’informations pertinentes sur l’activité physique, le coût des programmes adaptés et de l’équipement spécialisé ne sont que quelques-uns des nombreux obstacles auxquels sont confrontées les personnes vivant avec un handicap.

Comment les organisations telles que les écoles, les centres communautaires, les gymnases et les clubs sportifs peuvent-elles rendre leurs installations et leurs programmes plus accessibles?

Dave : Lorsqu’on parle d’accessibilité, il est important de comprendre que l’accès physique ne représente qu’une petite partie. Le fait qu’une installation soit accessible ne rend pas automatiquement le programme ou le service accessible, et ne contribue pas non plus à augmenter la qualité de la participation et des expériences vécues. Les organisations peuvent envisager quelques stratégies ou approches :

  1. Voir plus loin que les bâtiments: étudier la différence entre « rendre quelque chose accessible » et « créer de merveilleuses expériences ». Ce n’est pas parce qu’une personne peut accéder à un bâtiment qu’elle va y vivre une expérience exceptionnelle.
  2. Adopter la philosophie « rien sans nous »: inclure les personnes et les employés en situation de handicap dans la planification des stratégies d’amélioration de l’accessibilité.
  3. Élargir le champ d’action à « tout le monde joue »: mieux comprendre et apprécier la complexité des obstacles, en particulier les obstacles cachés, qui peuvent exister au-delà de l’environnement physique et s’étendre à l’environnement social et à l’environnement des programmes.
  4. Faire preuve de créativité et d’initiative: adopter une approche « innovante » face aux obstacles et solutions, être créatif et favoriser le changement.
  5. Communiquer de manière inclusive: veillez à communiquer à tout le monde ce que vous faites pour améliorer l’accessibilité et assurer vous que l’information soit accessible, qu’il s’agisse du site web, des programmes, des événements ou des rapports annuels. Il ne sert à rien d’avoir des installations et des programmes accessibles si les personnes que vous essayez de joindre ne peuvent pas accéder à l’information.
  6. Travailler ensemble: recherchez des personnes et des organisations dans votre communauté et dans l’ensemble du secteur du sport et des services aux personnes en situation de handicap qui sont désireuses de vous aider et de partager ou de vous orienter vers des ressources.

Katie : Veiller à ce que les installations répondent aux besoins de mobilité des participants des programmes. Créer des installations spacieuses, dégagées, bien éclairées, dotées d’indicateurs tactiles de surface de marche, d’ascenseurs et de rampes d’accès. Proposer des équipements spécialisés ou adaptables, tels que des fauteuils de sport, des ballons sonores, des poignées velcro pour les haltères et des filets réglables. S’assurer que les bénévoles et le personnel sont en mesure de modifier les activités, les instructions et l’équipement en fonction des capacités des participants et qu’ils savent quand et comment le faire.

Un appareil soulève un homme de son fauteuil roulant pour le faire entrer dans une piscine couverte.

Il est également important de partager des informations sur les programmes dans différents formats, notamment sous forme de texte, d’images et de sons, et de veiller à ce que les programmes offrent des chances égales de participation aux personnes de toutes capacités.

Quels sont les meilleurs moyens d’encourager les personnes en situation de handicap à pratiquer un sport ou une activité physique?

Dave : La recherche et la pratique ont mis en évidence de nombreuses stratégies efficaces pour accroître la participation des personnes en situation de handicap :

  • Concevoir des programmes qui favorisent une « participation de qualité » et qui mettent l’accent sur le « sentiment d’appartenance ».
  • Élaborer des documents et des informations accessibles sur les programmes.
  • Veiller à ce que les personnes en situation de handicap soient reflétées et représentées dans les produits de communication et le matériel de sensibilisation.
  • Concevoir une communication adaptée aux besoins et aux attentes des participants en incluant des détails sur la signification du terme « inclusif », sur les types d’adaptations et d’aménagements et enfin sur la sécurité.
  • Mettre en œuvre des stratégies de recrutement personnalisées et ciblées.
  • Reconnaître la valeur de la programmation en ligne/virtuelle en tant que voie de participation accessible.
  • Utiliser des outils et des formations en ligne, des orientations préalables aux programmes et des séances d’essai multisports afin d’assurer une entrée sécuritaire et confortable dans le jeu.
  • Prêtez attention au concept de « première participation » afin de créer une première expérience positive et de favoriser la fidélisation.
  • Recueillir et partager des témoignages.
  • Organiser des journées « Amenez un ami ».

Katie : Communiquer des informations claires et détaillées sur les programmes d’activité physique, le personnel, les installations et les avantages spécifiques de l’activité physique pour les personnes en situation de handicap. Partager des idées, des outils et des ressources pour soutenir la participation à l’activité physique, l’établissement d’objectifs, la planification et le suivi des progrès.

Un homme jouant au goalball, un sport adapté conçu pour les personnes ayant une déficience visuelle.

Quels conseils donneriez-vous aux personnes ou aux organisations souhaitant accroître l’accessibilité de l’activité physique et du sport au sein de leur communauté?

Dave :

  • Ne pas se casser la tête : l’objectif peut être aussi simple que de se faire un nouvel ami ; ce n’est pas une question de compétences, de performances ou de compétitions. Le plaisir et les amitiés suffisent amplement. Si vous voulez commencer quelque chose, faites-le, car cela n’arrivera pas tout seul.
  • L’impact est relatif : il ne s’agit pas toujours d’engager et de mobiliser un grand nombre de personnes. Comprenez et appréciez l’impact extraordinaire et souvent incommensurable qu’il y a à offrir des occasions de jeu ne serait-ce qu’à un seul enfant en situation de handicap – cela peut changer une vie.
  • S’appuyer sur les autres : il existe de nombreuses organisations sportives, agences de services et personnes partageant des objectifs communs qui sont désireuses de partager leur expertise et leurs ressources pour favoriser l’activité physique.

Pour plus de conseils sur la manière de rendre l’activité physique et le sport plus accessibles, consultez ces ressources :