Nouvelle étude : L’évolution des perspectives sur l’activité physique au Canada

Il a été démontré que de comprendre et de changer le « climat social » (c.-à-d. : l’impression générale, les attitudes, croyances et opinions à propos d’un sujet dans une société) associé à un comportement affecte le niveau d’activité physique d’une population. Le Dr Matthew Fagan, chercheur postdoctoral à l’Université de la Colombie-Britannique, la Dre Leigh Vanderloo, directrice scientifique de ParticipACTION, et d’autres chercheurs, ont récemment publié les résultats de leur étude (en anglais seulement) portant sur les changements du climat social entourant l’activité physique au Canada durant les cinq dernières années.

Cette étude a conclu qu’il y a eu des changements positifs et négatifs dans le climat social de l’activité physique au Canada. Nous nous sommes entretenus avec le Dr Fagan et la Dre Vanderloo pour en savoir davantage sur les conclusions importantes qu’ils ont tirées de leur étude.

Portraits du Dr Matthew Fagan et de la Dre Leigh Vanderloo.

1. Pourquoi avez-vous mené cette étude?

Head shots of Dr. Matthew Fagan

Dr Fagan :

Comprendre le climat social associé aux comportements est primordial, car cela pourrait nous aider à déterminer si une société adopte certains comportements ou non. Dans le cas qui nous concerne, notre équipe a tenté de répondre à deux questions très importantes au sujet du climat social entourant l’activité physique : ce climat est-il stable au fil du temps? Quels facteurs, y compris l’âge, le genre, le milieu (urbain ou rural) et l’orientation politique, influencent ce climat?

2. Est-ce que l’une des découvertes que vous avez faites s’est démarquée des autres? Si oui, pourquoi?

Head shots of Dr. Matthew Fagan

Dr Fagan :

Nous avons fait de nombreuses découvertes intéressantes, mais celle qui s’est le plus démarquée des autres est qu’en 2023, les Canadiens et Canadiennes voient plus souvent des gens faire de l’exercice et des enfants jouer dans leurs quartiers. Nous croyons que cela s’explique par la sensibilisation constante de la santé publique au sujet des bienfaits de l’activité physique, ainsi que par les effets prolongés des nombreuses fermetures de centres d’activité physique durant la pandémie. Il est fort probable que durant la pandémie, de nombreuses personnes et leurs enfants ont trouvé différentes manières d’être actifs et ont conservé ces habitudes lorsque ces établissements ont réouvert leurs portes et que les activités de sport organisé ont recommencé.

Cela montre à quel point les gens ont une excellente capacité d’adaptation, que peut-être ils ont conscience des bienfaits de l’activité physique et que, malgré les défis comme la pandémie et la fermeture d’établissements, tout le monde peut être actif, et ce, peu importe l’âge!

Head shot of Dr. Leigh Vanderloo.

Dre Vanderloo :

J’étais heureuse de constater que l’inactivité physique continue d’être une importante préoccupation pour la population canadienne. Cela nous indique que les gens sont conscients de l’importance de ce comportement et des conséquences de ne pas faire assez d’activité physique d’intensité moyenne à élevée chaque semaine. Toutefois, l’étude met aussi en lumière que malgré ce haut niveau de conscience, l’intention, la motivation et l’action ne se succèdent pas toujours naturellement. C’est là que ParticipACTION entre en jeu pour motiver la population canadienne à marier l’intention à l’action.
Dans la forêt, des enfants lancent des feuilles d’arbres dans les airs.

3. Comment vos conclusions contribuent-elles aux autres études déjà menées sur l’activité physique et le climat social?

Head shots of Dr. Matthew Fagan

Dr Fagan :

Elles aident à fournir des preuves sur l’instabilité du climat social au fil du temps. Alors que la majorité des études antérieures sur le sujet ont tenté de fournir des preuves de l’influence du climat social sur les niveaux d’activité physique, notre équipe a prouvé que certains aspects de ce climat pourraient être changés et ciblés pour engendrer des effets sur les niveaux d’activité physique de la population. Cependant, il reste encore beaucoup de travail à faire.

4. Votre étude démontre que l’activité physique demeure un grave problème de santé publique; un problème qui a même empiré durant les cinq dernières années, alors pourquoi croyez-vous que moins de personnes disent être préoccupées par l’inactivité physique en 2023 qu’en 2018?

Head shots of Dr. Matthew Fagan

Dr Fagan :

That’s a great question and something our team has spent lots of time examining. It’s clear that people in Canada feel that physical inactivity is a serious health concern because out of all eight behaviours we asked them about, physical inactivity was ranked the second most serious. But when looking at the changes between 2018 and 2023, certain events may have impacted people’s views. For example, many people may now consider the pandemic a benchmark when they think about the seriousness of health concerns.

5. Pourquoi croyez-vous qu’il y a moins de personnes qui disent voir des gens marcher ou rouler en fauteuil dans les rues de leurs quartiers?

Head shots of Dr. Matthew Fagan

Dr Fagan :

Ce n’est pas une conclusion que l’équipe avait envisagée. Nous croyons que l’augmentation d’initiatives de fermetures de routes pour encourager l’accès aux piétons et aux cyclistes durant la pandémie a peut-être changé la perception des gens à propos du nombre de personnes qui marchent ou roulent dans les rues de leurs quartiers. Toutefois, nous n’avons pas collecté de données à ce sujet lors de notre étude. De futurs travaux seront requis pour confirmer cette hypothèse.
Un homme et une femme marchent dans un quartier résidentiel.

6. Pourquoi croyez-vous que le nombre de personnes qui disent vouloir respecter les directives nationales en matière d’activité physique a considérablement augmenté?

Head shots of Dr. Matthew Fagan

Dr Fagan :

Cela peut s’expliquer par le fait que les gens ressentent plus de pression sociale ou bien parce que leur groupe social s’attend d’eux qu’ils soient actifs, ce qui a pour effet d’augmenter la participation à l’activité physique dans leurs cercles sociaux immédiats. Nous avons constaté le même phénomène avec d’autres comportements où les individus se préoccupent de l’opinion des personnes qui leur sont chères.

7. Pourquoi pensez-vous que les perspectives des gens à propos des causes de l’inactivité physique (facteurs individuels contre facteurs externes) n’ont pas changé? Quelle est la portée de ce résultat?

Head shots of Dr. Matthew Fagan

Dr Fagan :

Comme d’autres résultats de cette étude, notre équipe n’est pas certaine de comprendre pourquoi cet élément n’a pas changé. Peut-être que les normes collectives, comme la perception du paysage politique, des institutions sociales et des enjeux sociaux, sont plus difficiles à changer. Par exemple, à l’échelle de la population, il est peut-être plus facile de cibler d’autres aspects du climat social, comme les attitudes entourant la sévérité de l’inactivité physique, plutôt que de changer le paysage politique d’un enjeu social.

La portée de cette conclusion se résume en deux points. Premièrement, c’est un résultat positif, car il suggère que la majeure partie de la population canadienne est ouverte aux interventions en matière de politique et de pratique qui ne sont pas axées uniquement sur l’individu. Deuxièmement, nous savons que les personnes qui croient que les individus portent le blâme de leurs problèmes de santé sont moins susceptibles de soutenir des politiques concernant les comportements en matière de santé. Cela complique le travail des législateurs et des interventionnistes de changer le comportement d’une population. Peut-être que plus de recherches s’imposent pour mieux comprendre comment changer les croyances de ces individus.

Un groupe de manifestants brandit des pancartes.

8. Quelles recommandations peut-on tirer de votre étude?

Head shots of Dr. Matthew Fagan

Dr Fagan :

Premièrement, il est important de souligner que de nombreuses personnes au Canada ont des croyances, des attitudes et des sentiments positifs à l’égard de l’activité physique. L’excellente sensibilisation sur l’activité physique réalisée par la santé publique du Canada est peut-être en cause. De plus, ce travail fourni le premier signe que le climat social est flexible et probablement une cible à considérer lorsqu’il est question du niveau d’activité physique de la population. Enfin, cette étude constitue un fondement important pour tout travail futur ayant comme objectif de mieux comprendre comment le climat social peut être utilisé pour aider les gens à être plus actifs!

9. Et la suite? Avez-vous d’autres plans de recherches ou d’études de suivi?

Head shots of Dr. Matthew Fagan

Dr Fagan :

Notre travail crée de nombreuses opportunités pour d’autres études. Par exemple, nous devons continuer de surveiller le climat social afin d’évaluer la stabilité des aspects mesurés. Il reste encore du travail à faire pour comprendre la relation bidirectionnelle probable entre l’activité physique et le climat social au sein de la population.

10. Comment le climat social de l’activité physique est-il lié au travail de ParticipACTION?

Head shot of Dr. Leigh Vanderloo.

Dre Vanderloo :

En tant que leader éclairé du domaine de l’activité physique, ParticipACTION doit absolument continuer à utiliser les meilleures données probantes et recherches disponibles. Afin d’assurer un fort alignement des besoins de nos publics respectifs ainsi que de la mission, de la vision et des objectifs de notre organisme, il est essentiel d’avoir une bonne compréhension des croyances, des normes et des valeurs de la population canadienne en matière d’activité physique.
Un garçon dans un fauteuil roulant joue au basketball avec deux filles à l’extérieur.

11. Comment les conclusions de cette étude seront-elles utilisées par ParticipACTION dans ses futurs travaux?

Head shot of Dr. Leigh Vanderloo.

Dre Vanderloo :

Les conclusions sont très pertinentes pour le travail de ParticipACTION, du marketing de contenu, en passant par la mobilisation des connaissances et la défense des intérêts. Nous voulons créer des ressources et du contenu personnalisés qui répondent aux besoins identifiés de nos publics et nous assurer que nous rejoignons la population de la meilleure façon possible. Alors que nous préparons d’autres initiatives, comprendre le « comment » et le « pourquoi » de la [basse] participation à l’activité physique et connaître les solutions potentielles est crucial.

12. Qu’est-ce que vous aimeriez que les gens retiennent au sujet de l’activité physique et du climat social?

Head shot of Dr. Leigh Vanderloo.

Dre Vanderloo :

Les environnements physiques et sociaux dans lesquels nous vivons, travaillons et jouons doivent favoriser l’adoption de comportements sains. Si nous souhaitons aider les Canadiens et Canadiennes à devenir plus actifs, nous devons avoir la certitude que nous avons le soutien adéquat. L’activité physique doit être perçue comme une nécessité et non comme un luxe. Normaliser ce point de vue est un pas dans la bonne direction.

 

Pour en savoir plus au sujet de cette étude et de ses conclusions, cliquez ici (en anglais).